Un sculpteur dans la cour du musée
Eric de Laclos, depuis quand exercez-vous le métier de sculpteur ?
J’ai toujours sculpté, ma première sculpture date de mon enfance. En revanche je suis sculpteur professionnel depuis 8 ans. Aujourd’hui, tous mes revenus proviennent de la sculpture.
Pourquoi vous êtes vous spécialisé dans la sculpture d’œuvres historiques ?
D’abord la proximité de ma résidence avec les sources de la Seine, à 6 km. Suite à une plaisanterie j’ai décidé de sculpter des ex-voto antiques et comme j’ai voulu faire cela sérieusement, je me suis renseigné sur les aspects historiques liés à ce type de sculpture. Progressivement j’ai élargi mon domaine à d’autres périodes comme la période médiévale. J’ai une spécificité et une préférence, recopier des sculptures mutilées et reconstituer les parties manquantes, ce qui est souvent le cas des ex-voto antiques et notamment celui de la vierge de Bon-Espoir que j’ai complétée pour l’église Notre-Dame de Dijon.
Quelles sont les étapes préliminaires à la reconstitution des parties manquantes de ces oeuvres historiques ?
La première étape est de bien regarder les originaux, ce qu’ils m’inspirent et ce qu’ils ont à dire, j’ai un regard désintéressé et global. La deuxième étape consiste à faire des dessins des originaux. Dans le cas des sculptures du musée, ce ne fut pas le cas car je disposais des moulages et des dessins archéologiques faits au préalable. Habituellement je fais mes propres dessins. Ensuite, si le modèle est complexe, je fais un plâtre et je copie mon plâtre. Ici, le musée a mis à ma disposition les moulages, je n’ai donc pas fais de plâtre, je me suis limité à des dessins, des vues de face et de profil. Mes dessins ont ensuite été validés par le commanditaire, la conservatrice du musée, Félicie Fougère qui s’est adjoint l’avis d’archéologues, Bruno Chaume et Klaus Rothe.
Vous sculptez devant le public, que ressentez vous lors de ces performances artistiques ?
La performance, pour moi, se résume à sculpter en public, ce que j’ai déjà fait de nombreuses fois dans des musées comme à Semur-en-Auxois, Dijon ou aux Sources de la Seine. La sculpture en public m’est devenue très familière et d’une certaine façon je me nourris des rencontres que je fais durant ces périodes de sculpture. Loin d’être un inconvénient, c’est même un moteur pour continuer dans la sculpture. Je placerai d’ailleurs la rencontre avant l’acte de création, ce qui est peut-être paradoxal pour un sculpteur, mais pour moi c’est avant tout un métier qui me permet de faire des rencontres que je ne ferais pas autrement.
Ici, au musée, vous avez fait beaucoup de rencontres ?
Oui. Je dirais que ces rencontres sont de deux types. D’une part, des personnes de Châtillon-sur-Seine, elles suivent mon travail d’assez près, avec parfois des histoires personnelles liées à ces sculptures ou à la dame de Vix, parce que leurs parents ou grands parents ont participé à la découverte, il y a un attachement. D’autre part, un public plus spécialisé comme des archéologues ou des gens érudits en archéologie que bizarrement ou normalement, je ne sais pas, je rencontre plus ici à Châtillon-sur-Seine qu’à Dijon ou aux Sources de la Seine quand je sculpte en public. Peut-être y a t-il moins de badauds ici au musée du Trésor de Vix.