Exposition

Antiquité du design, design de l'Antiquité

  • Antiquité du design, design de l'Antiquité

    Design : et si le phénomène précédait le mot…

    La production en série n’est pas un fait strictement contemporain. Dès l’antiquité, ateliers et artisans structurent leur production pour répondre à la demande d’objets connaissant un grand succès populaire. Il est parfois possible de situer les ateliers producteurs, qui connaissent grandeurs et décadences au fil des siècles. Il en est ainsi des amphores. Produites en masse, elles se distinguent par leurs formes. D’un simple coup d’œil, commerçants et consommateurs peuvent savoir ce qu’elles contiennent et d’où elles viennent. La sigillée,  vaisselle de table de demi-luxe, se répand également au point d’être omniprésente sur les sites archéologiques.  Elle reprend les formes et motifs de la luxueuse vaisselle de bronze et d’argent de l’élite pour répondre à la demande de la classe moyenne. Partant de l’histoire des productions de masse de l’époque gallo-romaine et de curieuses juxtapositions avec les innovations de notre monde contemporain, cette exposition interroge le concept de design jusque dans le phénomène de remploi d’une production pléthorique, donnant alors lieu à un design non prémédité par les créateurs. 

     

  • LE COMMERCE DANS L’EMPIRE ROMAIN DES Ier ET IIe SIÈCLES © Studio Indélebil

    Mondialisation romaine

    Les conditions de paix et de stabilité des deux premiers siècles de notre ère, époque baptisée Pax romana, donnent au phénomène de production en série une ampleur relativement comparable à l’époque contemporaine : certaines productions commerciales sont disponibles dans l’ensemble du monde connu.

  • Poinçon de potier en os pour l’impression en creux de l’estampille (signature), la Graufesenque. Coll. Musée de Millau et des Grands Causses

     

    Signer, montrer, griffer

    Les indications manuscrites permettent d’identifier les marchandises, d’en connaître la provenance, de distinguer un atelier de production. La signature désigne l’artisan qui a fabriqué l’objet. Elle est apposée, sur le moule ou le modèle de l’objet, grâce à un poinçon ou à un sceau. Elle est ensuite, comme l’objet, reproduite en série. La marque renvoie à l’apposition d’un signe, par un poinçon ou un sceau. Ce signe est le cachet d’un atelier comme nos logos actuels.

  • Estampille sur col d’amphore estampillé CAPITOF, provenance sablière Lenglet, Bavay, Coll. Forum antique de Bavay, Musée archéologique du département du Nord

  • © Studio Indélébil

    BIOGRAPHIE DE L’OBJET CONTEMPORAIN : le stylo bic

    Le principe du stylo à bille a été inventé par un journaliste hongrois, José Ladislav Biro (1899 – 1985). Il imagina utiliser une encre à séchage rapide, similaire à celle qui était utilisée pour imprimer les journaux. C’est en regardant des enfants jouer aux billes dans une flaque d’eau, qu’il eut l’idée de guider l’encre contenue dans le corps du stylo au moyen d’une bille. Biro céda ensuite son brevet au français Marcel Bich qui, en 1952, lança la production industrielle d’un stylo à réservoir transparent et à capuchon de couleur : le stylo Bic était né. Il faudra attendre 1965 pour qu’il entre dans les écoles et que les taches d’encre sur les doigts ne soient plus qu’un mauvais souvenir.

  • Coupe sigillée, terre cuite, Ier-IIe siècles, provenance site de la Graufesenque. Coll. Musée de Millau et des Grands Causses

    Comme à la table des grands : la céramique sigillée, production et diffusion

    La sigillée apparaît au Ier siècle avant J-C à Arezzo en Etrurie puis se diffuse dans tout l’Empire romain. Au cours de cette période, l’atelier de La Graufesenque, situé en Aveyron, est en position de monopole. Aux IIe et IIIe siècles, la Graufesenque s’efface au profit de Lezoux, dans le Puy-de-Dôme. Fleurissent également de multiples ateliers dans la région de l’Argonne (Nord-Est de la France actuelle).Les techniques de fabrication, par moulage ou au tour selon des formes standardisées, permettent la production en série d’une vaisselle de table, d’une belle couleur rouge brillante, parfois décorée de motifs réalisés au poinçon. Les archéologues emploient le terme « d’industrie » pour qualifier cette fabrication débouchant sur une production de masse.

  • Poinçon décoratif, terre cuite. Coll. Musée départemental de la Céramique à Lezoux - Puy-de-Dôme

  • © Studio Indélébil

    BIOGRAPHIE DE L’OBJET CONTEMPORAIN : LES COUVERTS GUY DEGRENNE

    Un écolier plus occupé à dessiner des couverts qu’à écouter en classe, à qui un proviseur lançait : « Mon pauvre Guy Degrenne, ce n’est pas comme cela que vous réussirez dans la vie. » Cette publicité a marqué des générations. Guy Degrenne avait repris les modèles classiques des grands orfèvres parisiens pour les faire fabriquer en acier inoxydable massif. En offrant à la classe moyenne des couverts de table élégants, solides et modernes, il avait démocratisé l’argenterie.

  • À gauche : Amphore vinaire gauloise de type 4, terre cuite, Ier siècle, Coll. Forum antique de Bavay, Musée archéologique du département du Nord

    À droite : Amphore pour les conserves de poissons de type Dressel 9, terre cuite, Ier siècle, Coll. Musées de Langres

    Reconnaître d’un simple coup d’oeil : le langage des amphores

    Les amphores antiques sont produites en masse et en série. Elles se distinguent par leur forme. D’un simple coup d’oeil, un commerçant Lingon (peuple gaulois habitant nos contrées) sait ce qu’elles contiennent et d’où elles viennent : vin italien ou vin gaulois, huile ou préparation à base de poissons ibériques.

  • © Studio Indélébil

    BIOGRAPHIE DE L’OBJET CONTEMPORAIN : LA BOUTEILLE COCA-COLA

    Que serait le Coca- Cola sans sa bouteille, reconnaissable entre toutes ? Dessinée en 1915 par Alexandre Samuel suite à un concours dont la demande était de créer une bouteille reconnaissable même dans la nuit noire, la bouteille, dite « contour », fut inspirée de la fève de cacao. C’est sa ressemblance avec une silhouette féminine qui la rendit célèbre. La bouteille de Coca-Cola représenta dès lors une élégante vêtue d’une robe fourreau mettant en valeur ses formes. Elle est présente dans le monde entier.

  • Moule de déesse mère et figurine de déesse mère, terre cuite blanche, fin IIe – début IIIe siècle, provenance Autun, quartier artisanal de la Genetoye, Coll. Centre d’archéologie et du Patrimoine « Alain Rebourg », Service archéologique de la Ville d’Autun et Musée Rolin, Autun

    Les dieux chez soi : les figurines en terre cuite blanche

     

    Les figurines en terre cuite servent à garnir des autels domestiques de type laraire. Elles peuvent également accompagner le défunt dans sa tombe. Les figures de Vénus et de déesses mères sont les plus répandues, cependant on trouve aussi la figuration d’autres divinités, de Risus ou bustes d’enfants, d’animaux. La technique de fabrication, le moulage à partir d’une figure modèle, nommée archétype, permet une large diffusion. Facilement interprétables et répétitives, moins coûteuses que les statuettes de bronze, elles sont le signe d’une religion populaire.

  • Partie supérieure d’un moule de lampe à huile et lampe à huile, terre cuite, époque gallo-romaine, provenance sablière Mathieu-Denimal et Lenglet, Bavay. Coll. Forum antique de Bavay, Musée archéologique du département du Nord

    Fiat lux : lampes à huile de la Méditerranée à l’Atlantique

    Les lampes à huile, d’origine italique ou africaine, avec ou sans médaillon orné, sont du goût des Gaulois qui n’hésitent pas à les copier dans leurs ateliers de la Narbonnaise, des vallées du Rhône et de l’Allier. Le mode de fabrication, par moulage ou surmoulage, permet de reproduire des modèles et des signatures d’ateliers méditerranéens sans que l’on sache d’ailleurs si ces lampes étaient vendues comme des imitations ou des contrefaçons.

  • De petits bijoux bien utiles : les fibules

    La fibule, dont le dernier avatar est l’épingle à nourrice, est un système d’attache du vêtement apparu vers 1000 avant J.-C. Cette production en série est attestée par la découverte de moules de coulée en grappe. Au Ier siècle av. J.-C., les fibules de Nauheim sont présentes de la côte méditerranéenne à la région rhénane. On les retrouve, à l’ouest, jusqu’en Angleterre. À l’inverse, certaines fibules sont des spécialités d’un atelier diffusant essentiellement à l’échelle locale. Elles sont alors la marque d’une culture régionale.

  • © Franck Dujoux et Olivier Foulon

    Remploi et détournement : le génie du bricolage

    La réutilisation à vocation pratique dissocie l’objet de sa fonction initiale. Des fragments de l’objet sont sélectionnés : les panses des amphores servent à construire des canalisations ou des vides sanitaires, les anses sont prélevées et transformées en pilons, des rondelles sont découpées dans le corps de l’amphore pour faire office de bouchons. Ce geste n’est pas propre à l’Antiquité. Il peut être observé depuis toujours et sous toutes les latitudes. Le travail photographique de Franck Dujoux et Olivier Foulon attire notre attention sur ce phénomène, observable de nos jours dans la campagne bourguignonne.

  • The Monobloc Project

    The Monobloc Project a été créé par Franck Dujoux et Michel Kowalski pour rendre hommage à une icône ignorée du design : l’affreuse chaise en plastique blanc que l’on trouve dans nos campings, parcs, piscines ou stades, avec ses accoudoirs et ses rainures dans le dos, celle que les designers appellent communément la chaise « monobloc ». Elle est tellement partout qu’on ne la voit même plus. Elle joue un rôle majeur dans nos vies, mais ne reçoit que notre indifférence. Et pourtant, elle a toutes les qualités qu’on peut attendre d’un objet de design : elle est robuste, imperméable, empilable, facile à nettoyer et elle ne coûte que trois euros à fabriquer. Des qualités qui permettent bien des détournements, provoqués souvent par la nécessité ou simplement par la créativité et l’ingéniosité des hommes. Vous pouvez suivre The Monobloc Project sur Facebook et Instagram.

     

  • PLASTIC CHAIR SWING : Elle est légère. Elle a des accoudoirs pour accrocher une corde. De la Monobloc à la balançoire, il n’y a qu’un pas. Une photo prise au Venezuela © Alvaro Stephens.

     

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